Difficultés de mise au sein et allaitement

Les premières semaines de vie de votre nourrisson peuvent être accompagnées de quelques difficultés dans votre nouvelle vie de maman : douleurs ressenties lors de l’allaitement, ou encore crevasses et gerçures.

Tout d’abord, demandez l’avis du pédiatre de votre enfant, de nombreux professionnels de santé sont là pour vous aider. N’hésitez donc pas à leur demander conseils. Chaque histoire de naissance et d’allaitement est unique.

Douleurs et allaitement

  1. Positions et allaitement

La majeure partie des douleurs ou lésions du mamelon sont liées à un mauvais positionnement au sein. N’hésitez donc pas à essayer plusieurs positionnements.

La règle d’or, est que bébé doit avoir la tête et le bassin dans la même direction.

Le corps du bébé doit-être face à celui de la maman quelque-soit la position (ventre contre ventre).

La position BN (Biological Nurturing), est la plus physiologique pour la maman et le bébé. Lors de cette position, la maman est légèrement assise vers l’arrière. Un fauteuil légèrement incliné vers l’arrière serait donc l’idéal !

Position BN

Par ailleurs, une douleur localisée en coup de poignard doit faire évoquer une mycose et indiquer un traitement spécifique.

De plus, parlez à votre médecin ou sage femme si vous constatez un sein gonflé et douloureux et/ou présence de fièvre afin d’éliminer une mastite ou un engorgement.

En cas de naissance par césarienne, la position allongée sur le côté sera plus confortable.

Position sur le coté
Positionnement du coussin

Je constate souvent en consultation que le bébé est très bas par rapport au mamelon. Il doit être face au mamelon, le nez sur le mamelon. N’hésitez donc pas à remonter bébé avec un coussin d’allaitement (voir 2) ou tout autre support.

Hauteur du nez du bébé

De plus, laissez bébé attraper le sein tout seul pour qu’il attrape correctement le mamelon. En effet, si le mamelon lui est mis en bouche il attrapera moins bien le sein et risque de le pincer.

2. Problèmes de freins restrictifs

Dans certain cas, un frein restrictif ne permet pas à l’enfant de bien positionner sa langue pour faire le mouvement de succion. Il va alors compenser pour maintenir le mamelon en pinçant les lèvres. Plusieurs symptômes peuvent vous alerter en faveur d’un frein restrictif :

  • des ampoules labiales légèrement blanches (très souvent présentent sur la lèvre supérieure);
  • un bruit de clic pendant la tétée (ou pendant le biberon) montre un manque d’étanchéité lors de la succion. Cela peut provoquer des douleurs de ventre chez le bébé, d’où la nécessité d’y faire attention même lorsque le bébé est nourri au biberon !
  • le lait coule sur les côtés de la bouche du bébé (au sein ou au biberon);
  • le bébé ne tient pas longtemps le sein ou la tétine;
  • bébé bouge beaucoup la tête pendant la succion et s’agite;
  • beaucoup de gaz et d’inconfort digestif;
  • réclame souvent à manger;
  • signes de tensions sur le visage;
  • ses lèvres ne sont pas retroussées (ourlets vers l’extérieur) lors de la succion.

Si vous observez plusieurs de ces signes, consulter un pédiatre, un pédo-dentiste ou un pédo-ORL, qui vous confirmera ou non ce diagnostic.

Ce diagnostic a son importance, car un frein restrictif lingual peut avoir des conséquences sur la façon dont les dents de votre enfant vont se positionner. La langue va donner la forme définitive au palais. Si la langue est basse dû à un frein restrictif, le palais risque d’être étroit.

Cela peut également induire des difficultés à prononcer certains phonèmes. Et surtout, cela peut entrainer une respiration buccale au lieu d’une respiration nasale, ce qui pourrait entrainer des troubles ORL chez l’enfant, une fatigue au réveil, des maux de tête…

La langue étant un élément clé de la posture, un frein restrictif peut aussi influer sur des douleurs de dos et douleurs digestives au long court.

Dans certains cas, le frein n’a pas besoin d’être sectionné mais seulement d’être étiré à l’aide d’exercices (adaptés à l’âge de l’enfant) que l’on abordera en consultation ostéopathique.

3. Durée de l’accouchement

Lors de l’accouchement, bébé est aidé par les contractions utérines pour se positionner dans le bassin de la maman, ce qui représente de grandes forces expulsives sur son corps et notamment sur son visage.

Tout ce processus qui peut parfois être long, va provoquer des tensions sur le visage de l’enfant (et sur la sphère buccale).

Ces tensions peuvent ensuite se répercuter sur la succion de l’enfant, il va pincer beaucoup avec ses lèvres.

C’est pour cela que pour tout accouchement très long (plus de 10 heures), ou très court (moins de 8 heures), une consultation en ostéopathie est recommandée. Cette consultation permettra de vérifier si des tensions sont présentes et d’y remédier.

Production de lait

La première mise au sein doit se faire idéalement dans les 2 premières heures suivant la naissance car les réflexes archaïques (dont celui de la succion) sont plus forts à ce moment. Bien sûr l’allaitement peut se faire plus tard, le tout est de se faire aider et accompagner.

Le peau-à-peau aide à la production de lait, n’hésitez donc pas à en abuser avec une écharpe de portage.

Dans certain cas, une perturbation hormonale peut retarder la montée de lait (en cas de révision utérine lors de l’accouchement par exemple).

Le stress peut également influer sur la production de lait. Installez-vous le plus possible dans un endroit calme pour les tétées.

Il est important de rappeler que la capacité de stockage du sein dépend de chaque femme; les horaires ne sont donc ni adaptés à l’appétit du bébé, ni à la physiologie maternelle.

Le plus adapté est la tété à la demande pour les premiers mois de vie. Le rythme du bébé est corrélé à la capacité de stockage du sein de la maman.

Si les tétées sont trop courtes, la stimulation des seins n’est pas suffisante et donc la production de lait n’est pas assez stimulée.

Une gêne respiratoire peut également compliquer l’allaitement sur une courte période.

Un frein de langue restrictif comme vu ci-dessus, empêche parfois la bonne stimulation du sein et donc la production de lait.

Par ailleurs, un problème de succion empêche parfois bébé de bien s’adapter au jet fort de lait. Il peut sembler s’étouffer au sein et déglutir bruyamment. Là encore, un pro de l’allaitement pourra vérifier la succion de votre bébé et vous conseiller.

Rassurez-vous ! la quantité de lait n’a pas d’importance, parfois elle est de plus petite quantité mais le lait est plus nourrissant. C’est donc la prise de poids du bébé qui compte.

En outre, il arrive qu’un des deux sein semble plus difficile à prendre pour l’enfant et la production de lait est donc moins soutenue pour ce sein. Cela peut venir d’une tension au niveau du cou de votre bébé entrainant des difficultés à tourner la tête pour téter le sein en question. Votre ostéopathe pourra confirmer ou non cela et pourra y remédier.

Comment s’assurer que la tétée soit efficace ?

Plusieurs choses sont à vérifier:

  • la totalité du mamelon et une partie de l’aréole du sein doivent disparaitre dans la bouche du bébé;
  • la langue peut-être visible au-dessus de la lèvre inférieure;
  • les mouvement de succion sont brefs et rapides en début de tétée puis plus lents et intenses quand le lait arrive;
  • les joues du bébé sont rebondies, ses oreilles bougent, lors des pauses, il déglutit;
  • la tétée doit être INDOLORE, le mamelon ne doit pas sortir comprimé ou déformé de la bouche du bébé.

Pour éviter toute confusion sein/tétine, il est préférable d’attendre 3 semaines avant de proposer une tétine ou un biberon. En effet, la succion au sein demande plus d’effort pour le bébé car toute la langue doit travailler, alors qu’ avec une tétine ou un biberon c’est la partie antérieure de la langue seulement qui travaille.

Dans de très rare cas, les tétons peuvent être ombiliqués. Cela peut compliquer l’allaitement mais ne le rend pas impossible pour autant, tout dépend du degré d’invagination du mamelon. Parfois la succion du bébé sera suffisante pour faire ressortir le mamelon, parfois une aide extérieure est nécessaire. Des dispositifs de préparation du mamelon existent, n’hésitez pas à en parler aux professionnels qui vous suivent.

En conclusion, chaque allaitement est différent. Il est important de demander plusieurs avis de professionnels ou de proches, mais le plus important est de vous faire confiance ! Laissez-vous un peu de temps pour trouver ce qui convient le mieux à vous et à votre bébé et suivez votre instinct.